La chronique d’Éléna Fourès, expert en leadership et multiculturalité, fondatrice du cabinet IDEM PER IDEM.
elena.foures@idem-per-idem.com
Cette formule est un « virus mental » en soi. Et, telle un virus dans un système informatique, elle est capable de provoquer un « collapse », ou effondrement, de l’identité. Confusion identitaire entre soi-même et l’entreprise, elle est sous tendue par un autre virus : « je ne suis rien par moi-même ».
La construction identitaire de chacun(e) (« qui suis-je ? »), et la cotation sociale (« quelle est ma valeur ? ») passent pour beaucoup de gens par le poste ou la position que l’on occupe dans une firme.
En paraphrasant la célèbre formule « Cogito, ergo sum »*, chère à René Descartes, on dirait « Je suis Directeur chez X, donc je suis ».
On « existe » alors non pas par soi-même, mais par l’intermédiaire d’un Groupe, auquel, selon la formule consacrée, « on a la chance d’appartenir ».
Le dicton américain « A people work in A companies », stipule que l’appartenance à un Groupe de premier ordre garantit l’appartenance à l’élite et vous classe d’office.
Dans notre culture hexagonale, c’est un point central de la construction identitaire, avec celui de l’Ecole que l’on a faite (d’où les cartes de visite mentionnant l’école et la promo chez les exécutifs même proches de la retraite).
La perte de son poste entraînerait alors une perte d’identité : « Sans ma boite, je n’existe pas ! » ce qui en fait une variation contemporaine sur le thème « hors de l’église, point de salut ».
Ce virus mental identitaire provoque des comportements de fuite en avant et mène potentiellement au « burn out » quand on est quadragénaire, à un AVC quand on est quinqua et à la mort subite du retraité.
Basé sur une peur existentielle, il mine votre leadership et doit être détecté, désactivé, supprimé définitivement.
Mettez à la place une croyance aidante « Exister par moi-même est une condition sine qua non du leadership ».
Une fois libéré(e), vous pourrez vivre pleinement, sans chercher à exister.
* « Je pense, donc je suis »