« Mon conjoint boude les soirées de la boite … »

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16 décembre 2013 – Les Echos. Page 35.

LA CHRONIQUE de Éléna Fourès,

Seul(e) dans les sorties professionnelles, vous vous sentez exposé(e) au regard de vos collègues, qui eux y sont en couple. Regards curieux, petites remarques ou bien silence accusateur : tout le monde remarque l’absence de votre conjoint, croyez-vous. Pourquoi vivre cela comme une gêne et en conclure au handicap?

Il vous faut expliquer l’absence de votre conjoint d’emblée. Faites-le de façon factuelle, en y mettant un ton approprié (admiratif de préférence). Si vous ne le faites pas vous-même, vous risquez que vos collègues jasent. Avec des extrapolations fort différentes selon que vous êtes un homme ou une femme. Si vous êtes une femme et que vous vous présentez seule, certains penseront probablement que votre conjoint n’est pas au niveau, ou que vous avez honte de le montrer!

Dans le cas d’un homme, on imaginera plutôt qu’il traverse une zone de « turbulences » conjugales ou bien que sa femme méprise son milieu professionnel, ou refuse alors de jouer son rôle pour soutenir sa carrière … C’est en effet, dans ce dernier cas de figure, que les attentes sont les plus importantes. Le rôle social de l’épouse reste en effet important dans le modèle traditionnel. Même si elle travaille elle-même, elle contribue socialement au rayonnement de son conjoint et soutient sa carrière. La tolérance sociale est différente vis- à- vis d’un homme dont on attend moins en tant que conjoint. Une femme directeur, gênée par l’absence de son mari aux évènements festifs de son entreprise, s’est rassurée en pensant à Maggie Thatcher qui « ne traînait pas son conjoint partout avec elle ».

Les situations changent du tout au tout selon le modèle culturel : dans le monde occidental, la femme est clairement attendue dans un rôle de coéquipière. Dans le monde russe ou chinois elle doit au contraire demeurer dans l’ombre : on sait combien on a critiqué Gorbatchev en Russie pour la présence publique de son épouse Raïssa.

Aujourd’hui les conjoints ont le plus souvent deux vies professionnelles parallèles, tels des rails sur lesquels « roule » le couple. Chacun a ses propres sorties professionnelles et peut parfois ne pas vouloir endurer une « double dose ». Alors « appliquez-vous à garder en toute chose le juste milieu », comme disait Confucius.

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