« Je dois déjeuner avec le patron étranger… »

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10 décembre 2012 – Les Echos. Page 37.

LA CHRONIQUE de Éléna Fourès,

Déjeuner avec un dirigeant étranger est un test en soi, non seulement parce que c’est en anglais mais aussi parce qu’il n’est pas souhaitable de rester uniquement sur les sujets techniques. L’ autre difficulté est de « savoir déjeuner » en usant de ce que les anglo-saxons désignent par « social skills ».

Même si les conventions françaises en la matière restent le meilleur étalon, les rites peuvent varier selon la culture d’origine de votre interlocuteur. Le comportement d’un hôte français face à son invité (choisir le vin, recommander des mets, etc.) peut gêner voire incommoder un étranger. Il ne faut donc pas se tromper. L’idéal est de se référer à la convention culturelle qui constitue son standard de référence pour faciliter le contact. Si, par exemple, le dirigeant que vous souhaitez inviter est originaire de Hong Kong mais travaille aux Etats-Unis, son standard est sans doute américain. S’il s’agit d’un Suisse mais basé depuis 7 ans en Italie, misez sur un standard italien, etc.

Premier point : le choix du lieu, qui requiert tact et sens politique. Un patron allemand, membre du conseil d’administration, en visite de travail à Paris, pourrait ne pas apprécier que son subordonné, patron de la filiale française, le convie, croyant bien faire, dans un restaurant chic parisien. C’est « trop », selon le standard allemand, et le dirigeant allemand pourrait s’y trouver mal, au point de penser par la suite que son N-1 mène un grand train. Il est plus judicieux de le conduire dans une bonne brasserie. Toutefois, vérifiez au préalable qu’il apprécie effectivement la cuisine française et ne préfère pas l’ asiatique ou une autre. Enfin, n’omettez pas de lui poser la question sur ses contraintes diététiques ou religieuses.

Autre point : de quoi parler pour socialiser ? Les sujets à éviter : la météo (c’est trop banal), la politique (terrain glissant…), et tous les sujets qui détruisent le moral ou installent un climat pessimiste. Posez-lui plutôt des questions sur son passage en France et sur ses fonctions professionnelles. Faites-le parler de son rôle dans l’entreprise et demandez-lui un conseil. Abordez brièvement des sujets qui vous passionnent (voyages…) et surtout arrangez-vous pour raconter une histoire drôle et le faire sourire.

Loin d’être neutre, ce déjeuner va cristalliser une image de vous chez le dirigeant. Image qui, une fois propagée, va ensuite « travailler » pour ou contre vous.

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