La chronique d’Éléna Fourès, expert en leadership et multiculturalité, fondatrice du cabinet IDEM PER IDEM.
elena.foures@idem-per-idem.com
Plus un choix vous engage, plus il est difficile à faire. Au lieu de vous accuser d’indécision, discernez plutôt d’où viennent les freins. Il se peut qu’une partie de votre être, même minoritaire, « tire » dans la direction opposée des « parties » majoritaires. Si tel est le cas, il est indispensable d’entamer une vraie négociation interne, après avoir clarifié l’identité des « parties » ainsi que leurs positions respectives.
Pour faire un choix judicieux, c’est à dire un choix approprié par rapport au contexte et par rapport aux objectifs, aidez-vous de l’instrument Triangle Identitaire™. Si vous hésitez entre le choix du « cœur » (du côté de la Personne) et celui de la « raison » (du côté de la Fonction), demandez à votre Arbitre intérieur si la logique du « cœur » est adaptée au « contexte ». Par exemple, dans le cas où il s’agit de l’entreprise, elle ne le serait pas.
Si vous êtes face à un dilemme, une bonne astuce consiste à identifier votre état interne « étalon », c’est à dire, un état d’alignement réellement vécu dans lequel vous avez réussi à faire un choix important, même dans un domaine sensiblement différent. En reproduisant cet état interne (vos pensées, vos émotions, vos ressentis du moment) projetez-y les options entre lesquelles vous n’arrivez pas à trancher. Immédiatement vous sentirez votre « balance intérieure » pencher pour l’une d’entre elles. Votre choix est fait.
Il se peut que ce soit la peur des conséquences d’un tel choix qui freine le processus de prise de décision. Donnez-vous alors le temps nécessaire pour « digérer » votre peur et la contrebalancer par une projection des bienfaits de la prise de décision.
Rappelez-vous surtout qu’un « non choix » est une lâcheté qui est la pire des choses. A ce sujet, Gandhi, apologète de la non-violence, a tranché de façon non équivoque : « Là où il n’y a le choix qu’entre lâcheté et violence, je conseillerai la violence ».
Enfin, d’après Raymond Aron, « Le choix en politique n’est pas entre le bien et le mal, mais entre le préférable et le détestable ».
Choisir le préféré est facile, choisir le préférable requiert du courage, de la compréhension des enjeux et du ownership.
A FAIRE
1 // Cultiver « l’alignement » intérieur
Toutes les « parties » de vous doivent être alignées pour un choix judicieux et votre Arbitre intérieur doit désigner le côté à qui revient le choix.
2 // Prendre de la hauteur et grandir
Faire un choix oblige immanquablement à prendre de la hauteur. Cette vision « hélicoptère » vous fera changer de perspective, et donc grandir. C’est un cercle vertueux.
3 // Apprendre à vous connaître
Faire un choix vous oblige à vous poser de vraies questions, et vous renvoie qui vous êtes vraiment. Rien de tel pour se connaître mieux, ce qui est la chose la plus importante, selon l’oracle de Delphes.
A EVITER
1 // Faire un choix de dépit
C’est une façon de se punir, somme toute, assez puérile. A éviter.
2 // Copier ou se laisser influencer
Le premier est un atavisme scolaire, qui vous fera apparaître comme un cancre attardé. Le deuxième, comme une personne soumise. Les deux signent une carence de leadership.
3 // Faire le choix au hasard
A déconseiller : la roulette russe est un fantasme français. Les Russes sont des stratèges redoutables et ne laissent rien au hasard, mais font toujours des choix à très long terme.