04 mars 2013 – Les Echos. Page 37.
LA CHRONIQUE de Éléna Fourès,
Les remarques sexistes sont comme des icebergs dont la partie visible repose sur l’intolérance sexiste et la partie invisible sur la peur, dont le niveau est directement proportionnel à la virulence de la remarque et à son degré de vulgarité. Extrapolations de remarques racistes, les propos sexistes constituent un harcèlement moral et ne doivent pas êtres tolérés.
Jusqu’où un groupe humain peut-il accepter d’être la cible de moqueries et autres agressions verbales ou non? Tout est question de degré, du phénomène social de pur ostracisme aux blagues sur les Belges en France, sur les Canadiens aux Etats-Unis ou encore, de façon plus surprenante, sur les altistes par les violonistes!
La meilleure façon de répondre à une remarque sexiste, c’est de demander à la personne émettrice de répéter ses paroles (qu’elles soient misogynes ou misandres). Demandez-lui d’expliquer ou de clarifier ses propos : « Pardon ? », ou bien : « Pouvez-vous s’il vous plait préciser ce que vous venez de dire ? » ; le tout suivi d’un regard soutenu.
Ne cédez surtout pas à l’agressivité. Au contraire, adoptez un ton et une posture neutres, et regardez la personne droit dans les yeux. Plus votre ton sera neutre, voire humble, plus il lui sera difficile de répéter ses propos. Le plus souvent, votre interlocuteur s’excusera de façon plus ou moins directe: « Mais non, c’est une blague, je voulais dire simplement… » Ne répondez pas, mais soutenez votre regard, puis enchaînez sur un autre sujet.
Le pire, ce sont des remarques sexistes involontaires, ces « angles morts » des stéréotypes sexistes. A l’annonce de la nomination d’un directeur de filiale femme, un patron finit par ajouter «et maintenant, il faut qu’elle réussisse ! ». Alentour, personne ne réagit à l’exception d’une femme qui, courageuse, lui demande: « Auriez-vous dit cela pour un homme ? » Autre exemple : lors d’ une réunion de managers, un homme en pleine contre-argumentation finit par lâcher « logique féminine !». Sa collègue visée le reprend : « En quoi cette remarque est-elle liée au sujet de notre réunion ? ». Et l’homme de s’excuser platement.
Mais les hommes n’ont pas le monopole de ce type de remarques . Je pense aussi à cette femme manager qui, devant ses collègues masculins, n’a pas hésité à s’adresser à un technicien de surface en ces termes: « Un homme, c’est comme un chat, ça craint l’aspirateur ! ».