17 décembre 2012 – Les Echos. Page 35.
LA CHRONIQUE de Éléna Fourès,
Ce cri de cœur est celui de maints dirigeants régulièrement appelés à « inaugurer les chrysanthèmes », selon l’expression du général de Gaulle. Le côté Personne de votre Triangle Identitaire™(personne,expert, fonction) a beau avoir « horreur » de ces obligations, du côté Fonction vous êtes attendu dans ce rôle d’année en année, sans vous répéter ni être banal.
Voici trois bonnes raisons d’aimer les cérémonies de vœux :
Premièrement, en cette période de crise économique, d’angoisse collective et de visibilité zéro, la désynchronisation est partout. Les leaders peinent à donner du sens collectif, qu’il s’agisse de la direction à prendre (où va-t-on ?) comme de la signification des choses (pourquoi y va-t-on?). Profitez de l’occasion pour asseoir votre leadership. Une cérémonie de vœux sert avant tout à synchroniser les équipes et à les focaliser sur les objectifs à venir. C’est le «la» donné à votre « orchestre » pour jouer en harmonie la « partition » de l’année à venir. La synchronisation est une étape incontournable pour les commandos, qui règlent leurs montres sur la même heure avant de sauter en parachute pour une mission.
Deuxièmement, c’est au leader de répondre au besoin de rites qui rythment et structurent la vie sociale. Une cérémonie de vœux donne l’occasion de prendre du recul et de la hauteur pour regarder le chemin parcouru et se projeter dans l’avenir. Choisissez votre moment: le hold-up commercial sur les fêtes de fin d’année étale l’échange des vœux sur 3 mois, de décembre à février. Puis, signez la page collective et tournez-la.
Troisièmement, réunir sa communauté (un service, une filiale, etc.) et célébrer ensemble le passage à l’année suivante donne l’occasion de se retrouver et de resserrer les liens. C’est un moment de vérité qui favorise la chaleur et la proximité. Ne faites pas comme le président Poutine qui fait ses vœux à la télé russe sur un ton funèbre, dans la meilleure tradition locale où le leader ne sourit jamais. La cérémonie de vœux est un moment de joie. Mais le discours officiel terminé, combien de patrons filent à l’anglaise pour éviter la partie informelle? Seraient-ils mal à l’aise parmi leurs collaborateurs?